Je venais de passer une journée comme il y en a parfois dans la vie.
Je me suis réveillé à 11h et j’ai passé plus d’une heure à scroller dans mon lit. Je me suis levé pour manger un petit déjeuner ultra-sucré en regardant YouTube. J’ai enchaîné sur deux matchs de foot. En parallèle, je zieutais mon ordinateur et mon téléphone. À la mi-temps, je me mettais une série. À la fin du deuxième match, j’ai passé une heure à scroller sur Twitter pour voir les réactions de la communauté. Il était déjà 21h. Je me suis fais un truc à manger et j’ai regardé une série.
Cette journée, c’était il y a quelques semaines.
En me couchant ce soir-là, il était dur de m’endormir tellement je n’avais pas bougé mon corps et stimulé mon cerveau.
Mais, surtout, la chose qui m’a le plus marquée, c’était la brume.
Mon cerveau était complément embrumé, baignant dans un flou impénétrable. Je n’avais aucune clarté, aucune présence. C’est comme si j’avais quitté mon corps pendant toute la journée et qu’il m’étais devenu étranger. Je sentais littéralement une brume dans mon cerveau, un nuage stagnant qui troublait la perception que j’avais de moi-même.
En arrêtant de faire quoi que ce soit et en me observant mon état interne (respiration, sensations, émotions), je suis petit à petit revenu à moi-même et la brume s’est dissipé.
Je venais de “vivre à travers”.
Vivre à travers, c’est focaliser son attention sur quelque chose d’externe. C’est se dissocier de soi et de la réalité du moment présent que l’on vit physiquement, mentalement et émotionnellement.
On vit à travers constamment.
On est fan de quelqu’un pour vivre à travers ses exploits. On regarde une série pour vivre des aventures à travers les personnages. On est sur les réseaux pour vivre à travers ce que nous montrent nos amis. On consomme de l’alcool, du café, de la drogue pour voir la vie à travers les yeux de la substance. On consomme du porno pour vivre la vie sexuelle d’un autre.
On vit aussi à travers notre art, notre travail et notre pratique sportive. Bien que ce soit productif et valorisé, on peut se retrouver dans un schéma où les objectifs que l’on se fixe prennent le dessus sur la connexion avec soi même.
Il n’a jamais été aussi simple de vivre à travers. On a accès à des sources externes d’attention 24h/24h.
Avant l’apparition des écrans, on avait plein de poches de soi dans une journée. On remplit maintenant ces poches avec l’externe.
Chaque soirée, trajet en train, jogging, salle d’attente et même chaque séjour aux toilettes n’est plus un moment pour être avec soi.
On vit dans cette brume quotidienne et on revient à nous lors de rares éclaircies : un regard dans les yeux d’un proche, un rayon de soleil à travers les arbres d’automne, une pause sur un banc.
Ce n’est pas complètement notre faute. Dans un monde mercantile, attirer l’attention de l’autre est un pré-requis au succès. Mais, ça ne marcherait pas si nous ne voulions pas diriger notre attention vers l’externe pour fuir ce qui se passe en soi. On a tellement peur de nos émotions et de ce qu’elles renferment que l’on s’enfuit à la moindre occasion.
Il n’y a qu’à voir notre rapport à l’ennui, notre incapacité à affronter le vide existentiel.
C’est là que porter l’attention vers soi demande du courage : aller à l’encontre de ce que l’on fuit pour sortir de la brume.
On parle souvent de pleine conscience, mais a-t-on réellement pris conscience du sens de ce mot ?
La conscience.
Ferme les yeux, prononce le mot conscience, ressens son sens en toi et observe ce qu’il se passe.
On s’ancre en soi.
Être conscient, c’est être conscient de soi. C’est être à l’écoute de son état pour y voir plus clair. C’est être à travers soi :
Sentir toutes les sensations dans son corps
Voir clairement ses émotions
Observer ses pensées
Je ne pense pas qu’il faille arrêter à tout prix de vivre à travers et je ne pense surtout pas qu’il faille culpabiliser de le faire. Il n’y a rien de plus normal.
Ce que l’on peut faire, en toute douceur, c’est :
Réaliser
Avoir conscience de la brume, c’est déjà être un peu moins embrumé. C’est le but de cet article : attirer votre attention vers la brume.Observer
Maintenir la connexion que l’on a avec soi en toute circonstance : vivre à travers soi pendant que l’on vit à travers l’externe, observer son état interne constamment, sans le juger, juste pour voir ce qu’il se passe en soi en réaction à tel ou tel stimuli.
Réguler
Apprendre à réguler gentiment son état émotionnel pour rediriger son attention vers soi quand on voit que l’on entre dans une phase de déconnexion.
Guérir
Apprendre à reconnaître, accepter et aimer toutes les parties de soi.
C’est des cycles vers le soi et non un parcours linéaire étape par étape, mais ça vous le savez déjà :)
🌞 Le poème du jour, bonjour 🌞
Le chemin vers soi est parsemé d’embuches
Les troncs et les ravins s’invitent sur le passage
La brume nous perd dans ses méandres de gouttes
La lumière se réfugie dans les crevasses de nos tourments
🌌 L’art du soir, bonsoir 🌌

La connaissance de soi, cette véritable ruche,
L'empathie, l'intuition, pour passer les messages
La clarté nous revient, et dissipe nos doutes,
Cette puissance désormais en nous, à jamais au cœur, de notre alignement.