Hello les sages,
Ici, Vlad, votre fidèle scribe.
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Sans plus tarder, on plonge 🏊♂️
Est-ce que tu le ressens toi aussi parfois ? Ce sentiment un peu étrange. Celui où tu te dis : mais pourquoi est-ce que je fais ça moi en fait ? Pourquoi est-ce que j’entretiens cette relation alors qu’on a rien à se dire ? Pourquoi est-ce que je défends cette opinion alors qu’elle vient d’une vidéo Brut que j’ai regardé hier ? Pourquoi est ce que je scroll alors que j’ai clairement autre chose à faire ?
C’est comme si on se voyait de l’extérieur dans ces moments-là. Une brève lucidité vient s’immiscer dans l’automatisme latent.
Un appel de la profondeur à l’ère de la surface.
L’image de la surface
La vie est un océan. Un vaste océan avec des tas de choses à explorer : des coraux, des abîmes, une vie marine colorée.
Mais on passe la majeure partie de notre vie sur un radeau, à la surface de l’eau. Tout ce que l’on voit, c’est de l’eau à perte de vue. Un brin monotone, non ?
Heureusement de temps en temps, les vagues s’animent. Et là, notre tête plonge dans l’eau malgré nous. Et on la voit, la profondeur - tous ses mystères et ses aventures. Magnifique et terrifiante à la fois.
Cette surface, c’est la vie quand on est sous influence externe (parents, écrans, pairs) : calme, réconfortante, prédictible.
La profondeur, c’est l’appel de notre soi : la partie profonde de nous qui veut qu’on vive pleinement.
La surface et la profondeur ont toujours existé et co-habité depuis la genèse de la civilisation humaine. Sauf qu’aujourd’hui, la surface se manifeste dans toutes les sphères de notre quotidien :
Le présent avec l’omniprésence des distractions
Le soi en déconsidérant nos émotions pour vivre à travers le prisme du mental
Notre compréhension en se faisant des opinions (trop) facilement sur des sujets
Nos actions qui manquent d’alignement et de convictions profondément établies
Nos relations en connaissant un peu plein de gens au lieu de connaître peu de gens sur le bout des doigts
Internet est en grande partie responsable de la prise de pouvoir de la surface en détruisant l’ennui et en nous donnant un accès illimité à l’information et à l’autre. Nous nous divertissons, nous renseignons, travaillions et créons des relations en ligne. Et en ligne, la profondeur a rarement sa place, car il y est plus question de paraître que d’être.
Mais je l’aime bien mon radeau moi
On s’y est presque habitués. Tous autant que nous sommes, et moi le premier, à vivre en surface.
On consomme plein de petits contenus, on fait plein de petites tâches à la fois, on apprend par-ci par-là plein de petites choses sur pleins de sujets, on visite plein de petits pays sans en comprendre la culture, on fait plein de petites rencontres avec plein de personnes. En vrai, c’est fun, non ?
Ce qui est clair, c’est qu’on ne s’ennuie pas. On court dans tous les sens de notif en notif, de rdv en rdv et ça nous donne le sentiment d’être vivants.
Je dis bien le sentiment. Un sentiment encore une fois de surface.
Car la réalité nous rattrape. On le ressent avec le temps, ce râle béant de la profondeur. Plus on vieillit, plus on se pose la question : qu’est ce que j’ai fais de ma vie ? Ai-je vécu avec sens, avec intention ? Ou ai-je survolé mon existence, drivé par la peur de m’ennuyer ?
La radeau, c’est le radeau de la peur. C’est le royaume de l’égo qui cherche à nous préserver à tout prix de tout danger et entretient le confort.
La profondeur, c’est là qu’est la vie. C’est une question de courage que de plonger, s’engager, aimer, être vulnérable, vivre pleinement. Une question de courage car c’est aussi dans la profondeur que l’abîme réside. Et on passe notre vie à la fuir cet abîme et son inconfort caractéristique.
Apprendre à plonger
La profondeur nous fait faire face à la souffrance. Elle nous expose. Elle nous demande d’incarner notre authenticité et donc notre différence. Elle nous demande de nous éloigner des normes. Ces normes qui font que l’océan est pavé de radeaux.
Apprendre à plonger, ce n’est pas de tout repos. Comme dans tout, il y a un prix à payer. Il y a de l’effort, de l’inconfort, de l’attention à déployer. De tout petits pas peuvent t’aider à te familiariser avec la profondeur. Essaie de :
Ne rien faire parfois
Quand je dis ne rien faire, ce n’est même pas méditer. C’est réellement ne rien faire. Wallou. Mettre ta vie sur pause. T’asseoir sur un banc ou sur ton canapé et juste regarder autour de toi. Cultiver le fait d’être au lieu de faire te permet de développer une sensibilité, une capacité d’écoute de la profondeur.
S’écouter
Plus tu seras sensible, plus tu verras que la profondeur se manifeste à travers ton corps et tes émotions. Sois attentif à tous ces signaux, ils sont précieux : ils te réveillent de l’illusion de la surface. Dans les moments de doute, quand tu as tendance à t’accrocher au radeau, ce sont eux qui se manifesteront le plus clairement à travers une boule au ventre par exemple.
Se faire sa propre opinion
On passe notre temps à défendre des arguments qu’on a lu dans un article ou une vidéo de 5min.
Alors oui, c’est sympa de prendre des raccourcis et d’utiliser ça pour aller dans le sens de nos croyances préétablies. Mais, ce n’est pas là que la vérité réside. La vérité est dans la nuance. La nuance exige de la recherche et de la confrontation de points de vue.
Prends le temps de creuser les sujets avec une réelle ouverture d’esprit. Écoute les deux camps. En politique par exemple, abonne toi aux média de droite et de gauche. Tu n’as pas à croire aveuglement ce qu’on te dit, tu es bien plus capable que ça. Fais toi ta propre opinion.
Faire une seule chose à la fois
Plus tu fais de choses en même temps, plus tu cultives la surface en toi, car tu dilues ton attention et la profondeur que tu donnes à la tâche. Quand tu manges, mange. Quand tu lis un livre, lis un livre. Quand tu parles, parle. Rien d’autre.
Oser s’investir dans ses relations
Si tu ne perçois pas de profondeur dans une relation, questionne sa légitimité. C’est dans la profondeur que la vraie relation existe, que se développe l’amour pour la personne. Préfères-tu passer 1000 heures avec les 5 personnes qui comptent le plus pour toi ou 1000 heures avec 1000 personnes que tu connais au final à peine ? Ce n’est pas qu’avec le temps que la profondeur relationnelle se développe, mais ça y contribue.
Chercher l’amour dans les relations de passage
Tu ne peux pas t’investir dans toutes les relations. On a dans nos vie des relations de passage : un caissier, une voisine dans l’ascenseur, un sans abri qui te fais un signe. Dans ces moment-là, tu peux aller chercher la profondeur en regardant les gens dans les yeux, en leur disant bonjour/merci avec intention, en étant présent et attentif au lieu d’avoir peur d’eux, en étant perdus dans tes pensées ou en t’enfermant dans tes écouteurs.
Tout ça, ce ne sont que des exemples. Il en existe des tonnes de concepts et de techniques pour s’extirper du radeau, apprendre à plonger, plonger, et nager dans les profondeurs.
Et ce n’est pas si linéaire. Ce n’est pas parce que tu plonges une fois, que tu ne vas pas remonter sur ton radeau de temps à autre. La vie est un mouvement constant entre les deux. Parfois, on a fucking besoin du radeau et c’est très bien. N’oublie juste pas ce qui se passe sous l’océan et retournes-y quand tu te sens prêt·e, quand l’appel tonitruant de la profondeur devient irrésistible.